On annonce pour les jours à venir une crête anticyclonique entre les Açores et l'Europe, ce que les Anglais traduisent laconiquement par 'slow race'.  Au départ, la météo n'est guère encourageante : dépression sur les Cornouailles, vent 7-8 beaufort au départ…  À la mode anglaise, chacun est libre de prendre le départ ou de le différer.  Aucun n'a choisi cette solution.  Heureusement…  L'œil de la dépression était centré sur la rade de Falmouth à l'heure du départ, et nous avions l'air un peu patauds avec un foc solent et, pour certains, deux ris dans la grand-voile. 
Ris qui furent bien vite lâchés…  En classe 2, départ en tête de Firanjo, suivi d'Imperador, le ton est donné.  Un vent juste assez fort fait défiler la flotte devant le fort Pendennis, au grand plaisir des spectateurs puis, en route vers la bouée Manacles, le vent s'effondre totalement.  Là encore, les Belges tirent brillamment leur épingle du jeu, sont les premiers à trouver le vent, force 6 à 7 d'ouest, filent au ras de la côte vers le cap Lizard, tandis que le reste de la flotte disparaît à l'horizon.  La nuit fera trois victimes, voiles déchirées ou jeu dans le safran, un seul reprendra la route, et un autre rejoindra les Açores au moteur.  Pour le régional de l'étape, Manuel Mota, qui convoyait ainsi son tout nouveau voilier vers son port d'attache à São Miguel, la course se termine par un retour au chantier aux Sables d'Olonne. 
Le vent fait des caprices, passe au sud-ouest, il oblige à prendre une route un peu à l'est de la route directe et, finalement, il n'y a guère d'option qui puisse faire basculer la logique des performances des bateaux et des équipages. 

Sur Firanjo, nous payons très cher l'absence de pilote automatique et les fatigues du boulot, que je n'ai pu quitter que deux jours avant le départ, sans même avoir eu l'occasion de m'entraîner une seule fois.  Talonné par le Sadler 34 Buck's Eagle, nous le distançons en envoyant le grand génois puis, deux jours plus tard, sommes contraints de jeter l'éponge quand

il nous dépasse à coup d'empannages répétés sous spi léger.  De notre côté, pas question de prendre de risques ou d'accumuler la fatigue. 
Il faut même, dans un terrible calme plat où le bateau est secoué en tous sens, affaler le génois qui menace de se déchirer et attendre.  Repos compensé assez largement par une superbe journée sous spi à 8 nœuds le lendemain. 
Arrivés à Ponta Delgada le 15 juin en début de soirée (avec la drisse de grand-voile qui reste coincée…), nous constatons avec horreur que certains ont une sérieuse avance sur nous (Imperador est arrivé 15 heures plus tôt), mais aussi, avec grand plaisir, qu'il y en a encore beaucoup en mer. 
Imperador termine premier, nous devons nous contenter d'une quatrième place tandis que Mannequin gagne très naturellement en temps réel, mais s'incline au handicap. 

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